Dans un contexte de volatilité des marchés et de tensions géopolitiques, le secteur des infrastructures apparaît comme une valeur refuge pour les investisseurs. Les besoins mondiaux en la matière dépassent les 94 000 milliards de dollars pour les 15 prochaines années selon le Global Infrastructure Outlook[1], un montant colossal qui recouvre l’énergie, les réseaux numériques, l’eau, les transports et la mobilité urbaine…

Il suffit de regarder autour de soi pour comprendre l’enjeu : une autoroute encombrée, un réseau électrique saturé aux heures de pointe, des trains bondés ou encore des data centers qui chauffent à mesure que l’intelligence artificielle dévore toujours plus de puissance de calcul. Les infrastructures sont partout, invisibles quand elles fonctionnent, critiques lorsqu’elles viennent à manquer.
En finance, les infrastructures sont considérées comme une classe d’actifs défensive. Elles cumulent plusieurs qualités. Premièrement, elles offrent des flux de revenus stables issus de la tarification de services indispensables (péages autoroutiers, factures d’électricité ou d’eau, loyers de data centers). Autre avantage, ces recettes sont souvent indexées sur l’inflation, ce qui protège les investisseurs de l’érosion monétaire. Enfin, elles sontadossées à des contrats de long terme – concessions publiques de 20 à 40 ans, contrats d’achat d’électricité (PPA) garantis avec les États ou grandes entreprises, baux pluriannuels dans le numérique. Autant de mécanismes qui assurent une visibilité exceptionnelle sur les flux de revenus futurs.
Là où les marchés boursiers subissent les cycles économiques, les infrastructures offrent un rendement régulier, parfois proche des obligations, mais avec l’attrait supplémentaire de reposer sur des actifs physiques essentiels. Autant d’atouts qui expliquent l’intérêt croissant des épargnants pour cette classe d’actifs. Les chiffres le confirment puisque selon le BCG (Boston Consulting Group), les fonds d’infrastructures ont levé environ 87 milliards de dollars en 2024, soit une hausse de 14 % par rapport à 2023[2].
Les champions industriels et les sous-traitants stratégiques
Derrière ces flux se cachent des champions mondiaux. Vinci (France) reste incontournable dans les concessions ; Ferrovial (Espagne) s’impose dans les infrastructures de transport ; Enel (Italie) et Iberdrola (Espagne) portent la transition énergétique ; National Grid (Royaume-Uni) gère les réseaux électriques à grande échelle. Dans l’eau et l’environnement, les Français Veolia et Engie jouent un rôle clé, le premier dans la gestion de l’eau et des déchets, le second dans l’énergie bas carbone.
Le numérique n’est pas en reste : Equinix et Digital Realty (États-Unis) dominent le marché des data centers, tandis qu’en France, Iliad/Scaleway s’impose sur le cloud. À leurs côtés, une galaxie de sous-traitants stratégiques fournit les technologies indispensables : Schneider Electric (France) dans la gestion énergétique, Siemens (Allemagne) dans l’ingénierie et les automatismes ou encore Alstom (France) dans le ferroviaire.
La situation actuelle confirme l’ampleur du défi. Selon le Global Infrastructure Outlook, initiative du G20, il faudrait investir près de94 000 milliards de dollars d’ici 2040 pour répondre aux besoins mondiaux[3]. L’urgence est d’autant plus forte que le changement climatique accroît la vulnérabilité des réseaux existant et que la demande énergétique explose sous l’effet des nouvelles technologies.
Des plans d’investissement massifs
Les grandes puissances déploient des programmes d’une ampleur inédite pour répondre à la demande croissante. Aux États-Unis, l’Inflation Reduction Act (IRA) de 2022, doté de près de 370 milliards de dollars, encourage les investissements massifs dans les énergies propres, les batteries et les véhicules électriques. Le Chips and Science Act (également adopté en 2022) vise, quant à lui, à stimuler la recherche et la production de semi-conducteurs aux États-Unis, grâce à des dizaines de milliards de dollars d’incitations, de subventions et de crédits d’impôt. En Union européenne, le plan REPowerEUproposé par la Commission européenne en mai 2022, mobilise environ 300 milliards d’euros pour accélérer le déploiement des énergies renouvelables, améliorer l’efficacité énergétique et réduire la dépendance aux hydrocarbures russes.
En Chine, les investissements atteignent une ampleur considérable. Pékin mobilise chaque année des centaines de milliards de dollars pour développer ses infrastructures, avec un objectif clair : accélérer la transition énergétique, renforcer le ferroviaire à grande vitesse et déployer massivement la 5G. Selon le centre de recherche Center For Research on Energy and Clean Air, en 2024, le pays a consacré près de 940 milliards de dollars aux énergies propres – solaire, éolien, batteries – confirmant sa position de leader mondial dans ces secteurs[1]. La Chine poursuit en parallèle des projets d’envergure internationale, comme ses corridors ferroviaires transcontinentaux dans le cadre de l’initiative des nouvelles routes de la soie (Belt and Road Initiative), qui redessinent progressivement la carte des échanges mondiaux.
Ces initiatives traduisent une double dynamique mondiale. Dans les pays développés, la priorité est à la transition énergétique et numérique, catalysée par l’IA, la 5G et l’électrification des usages. Dans les économies émergentes, c’est l’essor des classes moyennes qui tire la demande en mobilité, en énergie et en services urbains, générant des besoins d’infrastructures inédits à l’échelle de l’histoire contemporaine. L’Afrique comptera 1,4 milliard d’habitants urbains en 2040, selon l’OCDE, avec des besoins immenses en eau, en énergie et en mobilité. En Inde, la Banque mondiale estime qu’il faudra investir 840 milliards de dollars dans les infrastructures urbaines au cours des 15 prochaines années – soit 56 milliards par an – pour répondre à la croissance rapide de la population citadine.
Tous les secteurs sont concernés
Les besoins d’infrastructures touchent l’ensemble des secteurs. L’énergie tout d’abord. Les réseaux électriques, déjà saturés, doivent être massivement renforcés pour accompagner l’essor des renouvelables, tandis que l’hydrogène attire des investissements croissants. En effet, selon l’Hydrogen Council[5], il faudra multiplier par huit les investissements dans l’hydrogène d’ici 2030 par rapport aux niveaux actuels (environ 75 milliards de dollars pour les projets déjà engagés) pour rester en phase avec les objectifs climatiques. Du côté du nucléaire, l’investissement mondial devrait également gagner en intensité. D’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les investissements dans le nucléaire, actuellement de l’ordre de 65 milliards de dollars par an, pourraient presquedoubler pour atteindre quelque 120 milliards de dollars en 2030[6].
Le numérique suit une trajectoire tout aussi fulgurante : dopée par l’intelligence artificielle et l’explosion des données, la demande en data centers, en cloud et en fibre grimpe en flèche, portée par la généralisation de la 5G mais aussi par la nécessité croissante d’investir dans la cybersécurité face à la multiplication des attaques. L’eau s’impose également comme un enjeu vital, à mesure que le changement climatique accentue les pénuries et rend incontournable le développement des technologies de traitement et de réutilisation, notamment dans les régions arides.
La mobilité durable est également en pleine expansion, et les réseaux de bornes de recharge pour véhicules électriques s’étendent à un rythme inédit. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE) en 2024, plus de 1,3 million de bornes de recharge publiquesont été ajoutées à l’échelle mondiale, soit une progression de plus de 30 % en un an, dont près de deux tiers en Chine[7]. Le ferroviaire revient au premier plan après des décennies de sous-investissement, et les grandes métropoles réinventent leurs transports urbains pour réduire congestion et pollution. Dans le même mouvement, les « smart cities » passent du concept à la réalité : capteurs connectés, pilotage en temps réel des flux, optimisation de l’énergie et de l’eau, autant d’innovations qui traduisent la convergence entre infrastructures physiques et technologies numériques et nécessitent des partenariats étroits entre acteurs publics et privés.
Et la réponse à ces besoins s’appuie elle-même sur le développement de marchés stratégiques : le gaz naturel liquéfié, devenu crucial dans un contexte géopolitique tendu ; les métaux industriels, notamment le cuivre, dopés par l’électrification et la modernisation des réseaux ; et enfin les matériaux de construction – ciment et béton en tête – stimulés par la vague de grands chantiers et de programmes de rénovation énergétique.
Les fonds et entreprises phares de Gresham
Chez Gresham Banque Privée, les infrastructures constituent plus qu’un thème d’actualité, c’est une classe d’actifs stratégique permettant d’allier solidité et potentiel de performance, même en période d’incertitudes. Dans ce cadre, le fonds Schroders Capital Europe Infrastructure Credit cible les grandes infrastructures européennes, qu’il s’agisse de l’énergie, du numérique ou du transport, en s’appuyant notamment sur des acteurs du secteur comme Enel, Iberdrola ou Vinci. Le fonds BNP Paribas Aqua, quant à lui, se concentre sur les entreprises répondant au défi mondial de l’eau, en investissant par exemple dans Xylem, Veolia ou American Water Works. Enfin, le fonds Stratégie Télécom mise sur les géants mondiaux des télécommunications – AT&T, Verizon, Orange, Deutsche Telekom – un secteur essentiel à l’ère de l’intelligence artificielle, du cloud et de la 5G.
Des risques à surveiller malgré l’attrait de la classe d’actifs
Si les infrastructures s’imposent comme une valeur refuge pour les investisseurs, elles n’échappent pas à certaines fragilités. Aux États-Unis, l’incertitude politique pèse sur la visibilité et un ralentissement des programmes fédéraux pourrait reporter ou annuler des projets clés dans l’énergie et les transports. Lescontraintes budgétaires constituent un autre écueil majeur car la hausse des déficits publics et l’endettement croissant des États limitent leur capacité à financer de nouveaux chantiers, au risque de reporter davantage la charge sur les capitaux privés.
À l’échelle mondiale, la concurrence chinoise accentue la pression : Pékin déploie une offre à bas prix dans des segments stratégiques comme le solaire ou les batteries, ce qui fragilise la rentabilité des projets européens et américains. Enfin, l’environnement macroéconomique reste un facteur de volatilité, et un rebond de l’inflation ou une remontée des taux d’intérêt renchérirait mécaniquement le coût du capital, compliquant la structuration des financements et réduisant l’appétit des investisseurs.
En conclusion, si les infrastructures ont désormais toute leur place au sein d’une enveloppe d’épargne orientée sur le long terme, la diversification entre les classes d’actifs reste un maître mot pour faire face aux soubresauts de l’économie et de la géopolitique internationale.
[1] Le Global Infrastructure Outlook est une initiative du G20, développée par le Global Infrastructure Hub en partenariat avec Oxford Economics. Cet outil et rapport de référence projette les besoins mondiaux d’investissement en infrastructures jusqu’en 2040, couvrant 50 pays et sept grands secteurs : transport, énergie, eau, assainissement, télécommunications, éducation et santé.
[2] Source : BCG, “Private Equity Infrastructure Investment Poised for Renewed Growth Amid Evolving Market Dynamics”, 17 mars 2025
[3] Source : Global Infrastructure Outlook
[4] Source : Center For Research on Energy and Clean Air, “Analysis: Clean energy contributed a record 10% of China’s GDP in 2024”, Février 2025
[5L ’Hydrogen Council est une initiative mondiale lancée lors du Forum économique mondial de Davos en 2017, réunissant aujourd’hui plus de 150 entreprises des secteurs de l’énergie, de l’industrie et de la mobilité.
Son objectif est de promouvoir le rôle de l’hydrogène dans la transition énergétique et d’accélérer le développement d’une économie mondiale de l’hydrogène à travers la coopération entre acteurs publics et privés.
[6] Source : Agence internationale de l’énergie « En route vers une nouvelle ère pour l’énergie nucléaire », 16 janvier 2025
[7] Source : Agence internationale de l’énergie « Global EV Outlook 2025 », 14 mai 2025
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Publié le 21 octobre 2025 – ER25/FCR0278
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