Le monde obligataire décrypté

Extrait de notre magazine d'informations Stratégies & Placements n°53. Septembre 2016.
Les fondamentaux
Qu'est-ce qu'un spread de taux ?
Que se passe-t-il aujourd'hui ?
Quels impacts ont les décisions des banques centrales sur les taux obligataires ?
Les Banques centrales peuvent prendre des décisions qui ont une influence directe sur les marchés obligataires. C’est le cas des choix affirmés par la BCE ces dernières années.
La BCE a ainsi décidé de pratiquer le Quantitative Easing en achetant massivement de la dette obligataire. En parallèle, la baisse des taux directeurs oriente aussi les taux obligataires à la baisse.
Cette pression acheteuse a mécaniquement un impact sur les cours des obligations. Leur valeur augmente, ce qui conduit à une baisse des taux de rendement. En effet, sur une obligation à taux fixe, le montant des intérêts versés chaque année ne varie pas pendant sa durée de vie ; si la valeur de l’obligation augmente, ce montant représentera un rendement plus faible.
Désormais, sur le marché primaire, la France propose des taux négatifs jusqu’à une échéance de 9 ans, et les Allemands jusqu’à 15 ans. Une situation tout à fait inhabituelle, qui a l’avantage pour les États de réduire le poids de leurs dettes publiques – du moins pour le moment. Même si c’est contre-intuitif, des taux négatifs ne dissuadent pas forcément d’acquérir ces titres de dettes : pour des établissements financiers qui regorgent de liquidités, il peut rester plus intéressant d’en placer une partie sur des obligations sûres, même si cela coûte un peu d’argent, que de prendre un risque de perte en capitaux, ou de payer le taux de dépôt imposé par la Banque centrale (0,4 % par an).
Quels impacts sur les fonds en euros ?
Les fonds en euros des contrats d’assurance vie sont essentiellement investis dans des obligations d’État. Leurs rendements évoluent donc en fonction des taux obligataires, ce qui conduit, ces dernières années, à une baisse continue des rendements de ce type de contrats. Cette baisse n’est pas immédiate, elle se répercute progressivement : les fonds qui contiennent des obligations anciennes, émises à une période où les taux étaient plus élevés, peuvent encore afficher d’assez bons rendements. Mais, à mesure que les obligations arrivent à échéance, elles sont remplacées par des nouvelles, aux taux d’intérêt nominal plus faibles (voire négatifs).
Par conséquent, les investisseurs sont incités à se tourner davantage vers des contrats en unités de compte afin de maintenir des rendements attractifs.
Une politique amenée à durer
La plupart des économistes s’accordent à penser que les taux bas persisteront au moins à moyen terme. Il est donc indispensable pour les investisseurs d’intégrer cette donnée et d’adapter leur stratégie en conséquence.
Les taux exceptionnellement bas ont des conséquences sur l’ensemble des marchés financiers. La très faible rémunération des placements sûrs incite à se tourner davantage vers des actifs plus risqués, les marchés actions par exemple. Mais à plus long terme, le caractère inédit de la situation renforce l’incertitude habituelle des prévisions économiques.
Pour les particuliers, la seule alternative consiste à diversifier autant que possible leurs investissements, afin de diluer les risques tout en cherchant des actifs offrant de meilleurs rendements.